L’édifice de La Cité du Vin
Une architecture audacieuse et engagée en plein cœur de Bordeaux
Le concept architectural
"Ce bâtiment ne ressemble à aucune forme connue parce qu'il se veut une évocation de l’âme du vin, entre le fleuve et la ville."
Geste architectural fort, la Cité du Vin marque par sa forme et ses courbes audacieuses. Edifice emblématique, elle abrite dans cet écrin doré une Cité dans la cité, un lieu de vie et d’expériences à parcourir. L’intention de départ pour l’architecture du bâtiment était véritablement de créer un lien entre la Cité du Vin et les espaces qui l’entourent à travers un mouvement perpétuel. Les architectes de l’agence XTU architects, Anouk Legendre et Nicolas Desmazières, ont imaginé un lieu empreint de symboles identitaires : cep noueux de la vigne, vin qui tourne dans le verre, remous de la Garonne. Chaque détail de l’architecture évoque l’âme du vin et l’élément liquide : « une rondeur sans couture, immatérielle et sensuelle » (agence XTU architects).
Cette rondeur transcrite par la forme extérieure du bâtiment se ressent aussi dans les volumes, espaces et matériaux intérieurs. La Cité du Vin se pare de reflets dorés évoquant les pierres blondes des façades bordelaises. Sa façade est constituée de panneaux de verre sérigraphié et de panneaux d’aluminium laqué irisé perforés.
Changeant selon les rayons du soleil et l’heure de la journée, le bâtiment répond au fleuve grâce à ses reflets. Le parallèle avec la robe du vin en incessante mutation n’est pas loin. Avec cette forme si particulière, on perçoit différemment le fleuve qui passe à côté.
De part et d’autre, les deux entrées de l’édifice donnent une impression de mouvement, de flux et de reflux entre l’intérieur et l’extérieur. Une entrée vers la ville, une autre vers le fleuve. Plus haut, le belvédère laisse découvrir la ville illuminée ainsi que le territoire alentour, presque comme une vigie. Dans les yeux d’Anouk Legendre, le parcours de visite lui-même suit ces flux : le vin, le fleuve, le flux des visiteurs. On traverse le bâtiment comme une rivière, les visiteurs deviennent voyageurs, dont le flot vient s’enrouler autour de l’escalier central, perpétuant cette impression de mouvement.
De ce fait, l’expérience du visiteur est un déplacement continuel, un cercle vertueux de découvertes. Chacun vient à la rencontre d’un monde nouveau dans un geste fluide, tournant, qui mène vers un lieu atypique et sans limite. Comme un voyage à travers les méandres d’un paysage culturel qui nourrit l’imaginaire. La volonté initiale était de faire évoluer le programme du bâtiment au fil de la scénographie ; de faire de l’architecture un voyage en lui-même. Ainsi, en bas, c’est un monde sombre, comme une cave, aux racines de la vigne. Le rez-de-chaussée est brut, c’est une étape d’immersion dans le projet, un lieu de passage. Puis, le reflet des miroirs désoriente, l’envie prend au visiteur de monter vers la lumière. Il la sent dans le patio, puis la suit à travers la charpente avant qu’elle n’explose. Il n’y a pas de parcours figé, que des mondes à découvrir. Le but de l’expérience est véritablement d’interpeller, non pas de lasser. Parfois l’architecture s’efface, d’autres fois elle réapparait.
La voûte boisée de l'Exposition permanente, le lieu le plus fort de la Cité du Vin, est comme un ciel qui varie. Le ciel est essentiel dans la viticulture, il conditionne les récoltes. Ce ciel en bois s’élève, ondule, se resserre. Encore une question de mouvement. La structure en bois évoque la charpente, les bateaux, le vin qui voyage. C’est un bain de rupture avec le réel. Un monde tout en rondeur, en fluidité et en élévation, qui se rapproche de l’expérience vinique. Les visiteurs sont dans un état de découverte, que l’architecture provoque. Elle les met dans de bonnes conditions pour découvrir, pour accomplir ce voyage immersif, initiatique.
Une démarche écoresponsable
Le vin est un élément qui, par nature, préserve les paysages et donc engendre une relation particulière avec l’environnement. Un lieu qui rend hommage aux civilisations du vin se devait de s’inscrire dans une démarche de développement durable.
Le bâtiment s'intègre parfaitement dans la dynamique de l'éco-quartier des Bassins à flot. Dès l'origine, le cabinet d’architectes XTU l'a pensé pour qu'il produise l'impact environnemental le plus faible possible. 70% des besoins énergétiques de la Cité du Vin sont ainsi couverts par les énergies vertes et locales.
D’une conception bioclimatique performante, la construction de forme compacte permet d'optimiser la ventilation du bâtiment. Les entrées d’air en points bas profitent des vents dominants. Alors que les patios et les points hauts évacuent la chaleur, générant un courant d’air qui permet - à lui seul - de gagner 5 degrés de sensation de fraîcheur en été et de limiter l’usage de la climatisation. En outre, la toiture est protégée du soleil par une "ombrière ventilée" qui participe à la maîtrise de la température, tout comme la mise à profit de la géothermie.
L’agence d’architecture XTU architects
Créée en 2000, l’agence XTU architects, basée à Paris, est dirigée par Anouk Legendre et Nicolas Desmazières. Lui, fils de diplomate, elle, formée à l’Ecole d’architecture de Bordeaux, se sont rencontrés lors d’un voyage d’étude en Bavière. Le lien personnel noué en Autriche deviendra aussi professionnel. Une expérience boréale en Islande d’où Anouk percevra désormais un monde « tout en mouvements et en déhanchés », marque l’identité et la vision de l’agence.
Depuis, « la courbe a remplacé la ligne ». Les droites et les angles vifs d’un bâtiment tel l’UFR de Chimie de l’Université Paris VII (achevé en mars 2008) ont disparu au profit d’arrondis empruntant à la courbe de l’univers : le Musée de la Préhistoire de Jeongok, livré en avril 2011 à 200 kilomètres au nord de Séoul (Corée du Sud), et aujourd’hui La Cité du Vin à Bordeaux en 2016. L’agence XTU architects a également été choisie pour concevoir le Pavillon France de l’Exposition Universelle de Milan en 2015, pour lequel elle a reçu le Prix de l’Architecture.